Après Paris en 2023 et Madrid en 2024, c’est au tour de Prague de franchir le pas. La capitale tchèque vient d’annoncer une interdiction des trottinettes électriques en libre-service, marquant un tournant majeur dans sa politique de mobilité urbaine. Cette décision s’inscrit dans une volonté claire de réorganiser l’espace public et de réduire les nuisances liées aux engins partagés.
Dès l’approbation des nouveaux contrats prévue pour fin mai 2025, les trottinettes électriques ne pourront plus être garées dans les zones publiques de stationnement. Autrement dit, elles seront exclues de tout le système de mobilité partagée géré par la ville. Les prochains contrats établis avec l’administration technique des routes (TSK) ne concernent que les vélos et vélos électriques partagés, qui pourront continuer à opérer sous conditions strictes.
Zdeněk Hřib, adjoint au maire chargé des transports, a confirmé que les opérateurs de trottinettes partagées seront complètement exclus des places de stationnement publiques. Les trottinettes laissées dans l’espace public seront alors considérées comme non autorisées.
Le nouveau système prévoit que seuls les opérateurs de vélos et de vélos électriques pourront bénéficier de zones de stationnement clairement délimitées, contre un forfait mensuel versé à la ville. En revanche, les trottinettes partagées ne bénéficieront d’aucune zone légale de stationnement, rendant leur présence sur l’espace public illégale.
Concrètement, toute trottinette en infraction sera sanctionnée. Une première amende de 100 CZK (environ 4 €) sera adressée à l’opérateur, avec obligation de retirer le véhicule. Si ce dernier n’est pas enlevé, une deuxième amende de 1 000 CZK (environ 40 €) sera appliquée, et la trottinette sera confisquée. Elle ne pourra être récupérée qu’après règlement des pénalités.
La ville reconnaît que les opérateurs pourraient techniquement louer des emplacements privés, mais cela serait, selon Hřib, trop complexe et irréaliste à l’échelle de la capitale. Sans stationnement légal et facilement accessible, les services de trottinettes en libre-service ne seront plus viables à Prague.
Depuis plusieurs années, les plaintes des habitants se multiplient, en particulier dans le centre historique de Prague. Les trottinettes sont souvent abandonnées de manière désordonnée sur les trottoirs, bloquant la circulation des piétons et créant des dangers, notamment pour les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite.
Les données de la ville montrent que les utilisateurs de trottinettes enfreignent les règles deux fois plus souvent que les cyclistes. En 2024, on a recensé 47 accidents impliquant des trottinettes partagées, dont un mortel. De plus, la présence d’alcool est souvent constatée lors de ces infractions, aggravant les risques liés à leur usage.
Face à cette situation, les autorités de Prague 1 demandaient depuis longtemps une interdiction totale. Cependant, une interdiction par décret municipal aurait également impacté les trottinettes privées, ce que la ville souhaitait éviter. Elle a donc opté pour une approche contractuelle, soutenue par les recommandations des ministères tchèques des transports, de l’intérieur et de l’industrie.
Une fois les nouveaux contrats signés, les opérateurs de vélos et de vélos électriques seront les seuls autorisés à continuer leur activité, dans un cadre strictement encadré. Les trottinettes partagées devront être retirées de l’espace public sans délai.
Les services techniques de la ville seront chargés de surveiller les zones concernées et de retirer les engins non autorisés, avec application immédiate des sanctions. Selon l’adjoint au maire, la ville ne s’attend pas à une forte résistance, se basant sur les précédents de Paris et Madrid où l’interdiction a été respectée sans débordement majeur.
L’interdiction des trottinettes électriques partagées à Prague s’inscrit dans une tendance de plus en plus répandue parmi les grandes villes européennes. Paris, pionnière dans ce domaine, a banni les trottinettes en libre-service dès septembre 2023, suivie par Madrid en 2024. Ces villes mettent en avant des arguments similaires : désordre urbain, insécurité, non-respect du code de la route, et accidents en hausse.
La décision de Prague vise à promouvoir une micromobilité plus responsable, axée sur le vélo et le vélo électrique, avec un cadre réglementaire plus strict et une meilleure intégration dans l’espace public. La ville espère ainsi réduire les risques, améliorer la sécurité des piétons, et limiter l’encombrement des trottoirs dans les quartiers les plus fréquentés.
Avec cette interdiction, Prague tourne la page des trottinettes électriques en libre-service, et rejoint les grandes capitales qui revoient leur stratégie de mobilité urbaine. Ce choix, motivé par la sécurité, la tranquillité publique et le respect de l’espace partagé, reflète une volonté claire de repenser la micromobilité pour l’intégrer durablement dans le paysage urbain.
Les mois à venir diront si cette mesure s’avère efficace, mais une chose est sûre : l’avenir de la trottinette en ville passe désormais par un usage plus encadré, plus responsable… ou tout simplement privé.
source : expatz.cz