La mobilité partagée franchit un nouveau cap. Le géant américain du VTC, Lyft, a annoncé son tout premier pas en dehors du continent nord-américain avec l’acquisition de la plateforme européenne Freenow pour un montant de 175 millions d’euros. Une opération stratégique d’envergure qui redéfinit le paysage de la mobilité urbaine sur deux continents.
Fondée à San Francisco en 2012, Lyft marque ici sa plus grande expansion internationale depuis ses débuts. L’année 2024, la première que l’entreprise a clôturée dans le vert, a semble-t-il permis à la direction de se projeter au-delà de ses frontières habituelles. Avec cette acquisition, Lyft voit son marché adressable doubler, passant à plus de 300 milliards de trajets en véhicules particuliers chaque année. C’est une réponse claire aux ambitions globales d’une mobilité plus fluide, plus numérique, et moins dépendante de la voiture individuelle.
Née d’un partenariat entre BMW Group et Mercedes-Benz Mobility, Freenow s’est imposée comme un acteur incontournable en Europe. Son application est active dans plus de 150 villes, dont des métropoles clés comme Londres, Berlin, Madrid ou encore Paris. Avec 6,3 millions de passagers actifs et plus d’un milliard d’euros de réservations brutes en 2024, l’entreprise, basée à Hambourg, a atteint l’équilibre financier au second semestre de l’an dernier. Un signal fort pour un marché encore en pleine transformation.
Ce rachat ne se limite pas à une question de croissance ou de conquête. Pour Lyft, il s’agit avant tout de combiner des expertises complémentaires. D’un côté, une solide maîtrise du marché américain de la micromobilité ; de l’autre, une forte implantation locale et un ancrage historique avec les taxis européens. Contrairement à d’autres plateformes ayant opté pour des véhicules privés avec chauffeur, Freenow a maintenu les taxis au cœur de son modèle. Ce positionnement assumé sera conservé, a confirmé David Risher, CEO de Lyft, qui voit dans l’expertise technologique de gestion de flotte de Freenow un levier pour enrichir l’offre Lyft.
À terme, les deux applications devraient converger, permettant aux usagers de voyager d’un continent à l’autre avec une expérience homogène, qu’ils soient à New York ou à Barcelone. Cette interopérabilité répond à une attente croissante des utilisateurs internationaux et s’inscrit dans la logique des grands événements à venir : JO de Paris 2024, Coupe du Monde 2026, ou encore les futurs Jeux de Los Angeles.
L’opération marque aussi la fin d’une aventure pour les groupes BMW et Mercedes, qui avaient investi conjointement plus d’un milliard d’euros en 2019 dans divers services de mobilité. Après la cession de ShareNow à Stellantis en 2022, c’est donc un nouveau recentrage stratégique qui s’opère. Les deux constructeurs souhaitent désormais se concentrer sur leurs cœurs de métier : électrification, intelligence artificielle, décarbonation et transformation numérique.
Malgré ce changement d’actionnariat, Freenow conservera son nom, son siège à Hambourg et son équipe dirigeante. La relation de proximité avec les autorités locales, les syndicats de taxis et les opérateurs de flottes sera maintenue. Cette approche locale a toujours été un pilier de la stratégie de Freenow et continuera d’alimenter la croissance du groupe au sein du nouvel écosystème Lyft.
En fusionnant leurs forces, Lyft et Freenow ambitionnent de capter une part encore largement sous-exploitée du marché européen : environ la moitié des réservations de taxis s’y font encore hors ligne. Avec leur expertise numérique et leur vision partagée d’une mobilité durable, les deux entreprises entendent accélérer la transition vers des usages plus fluides, plus connectés et plus responsables.
Ce rachat pourrait bien devenir un moment charnière dans l’histoire de la mobilité urbaine en Europe — une alliance transatlantique qui, à l’heure des grands défis climatiques et des bouleversements urbains, place l’innovation et l’intérêt collectif au cœur de son modèle.
source : zagdaily