Melbourne : la City of Yarra suspend les trottinettes Lime et Neuron

Melbourne : les trottinettes électriques en libre-service en sursis dans la City of Yarra

La disparition temporaire de Lime et Neuron soulève la question de l’avenir de la micromobilité partagée dans la capitale du Victoria.

Alors que la micromobilité connaît une croissance spectaculaire dans les grandes métropoles du monde, la ville de Melbourne se retrouve à un carrefour réglementaire. Depuis quelques jours, les trottinettes électriques partagées de Lime et Neuron ont disparu des rues de la City of Yarra, en raison d’un désaccord avec le conseil municipal sur une hausse spectaculaire des redevances.

Des frais multipliés par cinq pour les opérateurs

Au cœur du conflit : une augmentation de 400 % des frais journaliers par trottinette, passant de 1 à 5 dollars. Pour Lime et Neuron, deux géants de la micromobilité, cette nouvelle tarification rend le modèle économique localement intenable. Selon les opérateurs, chaque trottinette génère environ 9,50 dollars par jour, une somme insuffisante pour couvrir les coûts d’entretien, de recharge, de stockage, d’assurance et de mise à jour technologique — sans parler de la sécurité des usagers.

Le maire de Yarra, Stephen Jolly, n’a pas mâché ses mots : « Nous avons cessé de subventionner des multinationales avec l’argent des contribuables ». Il accuse les opérateurs de "faire les difficiles" et promet que les trottinettes feront bientôt leur retour avec un nouvel appel d’offres prévu en septembre.

Une coupure temporaire mais un signal fort

Cette interruption, bien que temporaire selon la municipalité, intervient dans un climat tendu autour de la sécurité et de la régulation des trottinettes électriques en Australie. Melbourne avait déjà banni les trottinettes partagées de son centre-ville en 2023, après des plaintes répétées sur les nuisances et les accidents. Le coût du programme pilote dans la City of Yarra était estimé à 750 000 dollars pour l’année, alors que les redevances n’en rapportaient que 180 000.

La hausse des frais avait pour objectif de combler ce déficit et de financer le nettoyage des engins mal stationnés, ainsi que la gestion juridique face à une plainte déposée par une militante pour les droits des personnes handicapées.

Une transition vers un modèle plus encadré ?

Face à ce bras de fer, certaines communes voisines comme Darebin, Moonee Valley et Merri-bek envisagent de lancer leur propre programme de micromobilité partagée. Le professeur Stephen Greaves, spécialiste des transports à l’Université de Sydney, reste optimiste : « Ce n’est pas la fin des trottinettes partagées, mais peut-être un tournant ». Il évoque l’exemple de Paris, où les vélos partagés ont pris le relais après l’interdiction des trottinettes, grâce à une volonté politique affirmée.

Selon lui, une solution envisageable pour l’Australie serait d’instaurer une forme d’assurance obligatoire, inspirée du modèle de l’assurance responsabilité civile pour les voitures. Cela permettrait de responsabiliser les utilisateurs tout en garantissant la couverture des éventuels dommages causés.

Vers un nouveau visage de la micromobilité à Melbourne ?

La micromobilité n’a sans doute pas dit son dernier mot à Melbourne. Si la rupture entre Lime, Neuron et la City of Yarra marque un point de bascule, elle ouvre aussi la voie à un encadrement plus rigoureux et à des pratiques plus durables. La question est désormais de savoir quel équilibre sera trouvé entre accessibilité, sécurité, rentabilité et responsabilité.

En attendant, les citoyens de Yarra devront patienter quelques mois avant de pouvoir à nouveau profiter de ce mode de déplacement doux, qui reste essentiel pour désengorger les transports et réduire l’empreinte carbone en milieu urbain.

source : abc.net

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