Superpedestrian ferme ses portes aux États-Unis et cherche un repreneur en Europe

La nouvelle a fait l’effet d’un choc dans le microcosme de la micromobilité : Superpedestrian, la startup américaine de la trottinette électrique, fermera ses opérations de location partagée aux États-Unis le 31 décembre 2025. L’entreprise explore parallèlement une cession de ses activités européennes, selon des informations révélées par TechCrunch.

Ce retrait marque la fin d’une aventure technologique ambitieuse qui avait suscité l’attention de l’industrie pour ses solutions logicielles de diagnostic embarqué et sa volonté de positionner la sécurité au cœur de l’expérience utilisateur.

Une trajectoire prometteuse freinée net

Fondée pour répondre aux lacunes de sécurité des trottinettes partagées, Superpedestrian avait connu un véritable coup d’accélérateur en décembre 2023, levant 125 millions de dollars lors d’un tour de table de série C. Parmi les investisseurs figuraient Jefferies, Antara Capital, le Sony Innovation Fund ou encore Citi via le Citi Impact Fund. À l’époque, l’entreprise affichait des ambitions claires : industrialiser sa technologie “Pedestrian Defense” pour détecter les comportements dangereux en temps réel et équiper les flottes de plus de 25 villes entre les États-Unis et l’Europe.

Mais à peine 18 mois plus tard, les moteurs s’arrêtent. Vendredi dernier, lors d’un appel Zoom interne, Alexander Berg, directeur des opérations américaines, a annoncé la fermeture. “Même nos investisseurs ont remis au pot pour nous maintenir à flot jusqu’ici,” a-t-il reconnu. Le ton était résolument lucide : les moyens n’ont pas suffi à enrayer une spirale de difficultés financières et de départs progressifs.

Une industrie sous tension

Le cas Superpedestrian s’inscrit dans une tendance plus large : celle d’une industrie en mutation rapide et parfois brutale. Après l’euphorie des premières années, la micromobilité partagée est entrée dans une phase de consolidation. Bird, autre figure emblématique du secteur, a vu sa valorisation s’effondrer en Bourse. Plusieurs marchés ont été abandonnés, la croissance a été stoppée net, et les fonds d’investissement ont serré les cordons de la bourse.

Superpedestrian n’a pas échappé aux turbulences. La startup avait déjà procédé à plusieurs vagues de licenciements, dont la dernière en date remonte à quelques semaines. Un dépôt officiel auprès de l’office américain des brevets révèle par ailleurs que certains de ses brevets ont été utilisés comme garanties de prêts auprès de Jefferies et Antara Capital.

Une technologie saluée, mais un modèle difficile à rentabiliser

Ce qui distinguait Superpedestrian de ses concurrents, c’était sa technologie embarquée. L’acquisition de la société Navmatic en 2021 avait permis de renforcer considérablement ses capacités en matière de détection de comportements à risque — notamment la conduite sur trottoir — et d’analyse des incidents en temps réel.

Mais la promesse technologique, aussi séduisante soit-elle, n’a pas suffi à générer un modèle économique viable. Le retrait annoncé du marché de Chicago à l’automne dernier en raison d’une “forte concurrence” préfigurait déjà ce repli stratégique.

L’Europe, dernier espoir ?

À l’heure où l’entreprise vide ses entrepôts américains et maintient un “effectif minimal”, les regards se tournent vers l’Europe. Le marché européen, historiquement plus réceptif aux modèles de micromobilité régulée, pourrait offrir un second souffle à Superpedestrian — à condition de trouver un repreneur.

Avec une présence revendiquée dans plus de 60 villes à travers 11 pays, dont plusieurs capitales européennes, la technologie de la firme reste convoitée. Son système de prévention active des comportements dangereux pourrait séduire des opérateurs soucieux de renforcer leur image en matière de sécurité et de conformité réglementaire.

Une fin qui interroge sur le modèle de la micromobilité privée

Plus largement, cette annonce relance un débat fondamental : les startups de la micromobilité peuvent-elles survivre seules, sans soutien public ni consolidation sectorielle ? Le cas Superpedestrian montre que l’innovation ne suffit pas sans une structure économique solide, des marges claires, et une régulation cohérente des villes hôtes.

En s’attaquant à des enjeux aussi cruciaux que la sécurité, le stationnement et la cohabitation urbaine, la micromobilité se heurte encore à des défis de taille. Et la fermeture de Superpedestrian rappelle que même les pionniers les mieux outillés technologiquement ne sont pas à l’abri des réalités du marché.

source : techcrun

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