Trottinettes électriques : l'Allemagne veut interdire le stationnement libre

Allemagne : bientôt la fin du stationnement libre des trottinettes électriques ?

Le ministre allemand des Transports Patrick Schnieder veut interdire le stationnement libre des trottinettes électriques partagées sur les trottoirs. Une mesure qui pourrait bouleverser le modèle des opérateurs comme Lime, Tier ou Voi.

Depuis leur autorisation en Allemagne en 2019, les trottinettes électriques partagées ont envahi l’espace public. Appréciées pour leur praticité et leur rapidité, elles sont aussi accusées de gêner les piétons lorsqu’elles sont mal stationnées. Six ans après leur arrivée, le gouvernement fédéral veut reprendre le contrôle sur leur déploiement urbain.

Une réglementation plus stricte en préparation

Le ministère allemand des Transports, dirigé par Patrick Schnieder (CDU), a récemment dévoilé un projet d’amendement visant à durcir les conditions de stationnement des trottinettes électriques en libre-service. Le texte, daté du 26 juin, entend interdire leur dépôt sans autorisation sur les trottoirs ou dans les zones piétonnes.

La nouveauté ? Cette interdiction ne s’appliquerait qu’aux véhicules en location commerciale. Les trottinettes électriques appartenant à des particuliers ne seraient pas concernées. Pour les services comme Lime, Bolt, Voi ou Tier, cela signifie la fin du stationnement libre, pierre angulaire du modèle free-floating.

Selon le ministère, ces usages commerciaux relèvent d’une “utilisation spéciale de l’espace public”, soumise à autorisation locale et potentiellement à redevance. Une manière de redonner aux communes la main sur l’espace public.

Vers la fin du free-floating ?

Cette décision fait bondir les opérateurs. Le collectif Shared Mobility, qui représente plusieurs grandes plateformes, dénonce un “abandon réglementaire”. Selon eux, l’interdiction du stationnement libre reviendrait à rendre leur modèle économiquement non viable.

« C’est une remise en cause du principe même de la trottinette électrique partagée : la souplesse », déplore un porte-parole. Pour ces entreprises, le stationnement libre est essentiel pour assurer une large couverture et répondre à la demande spontanée des usagers.

Un système reposant uniquement sur des stations désignées impliquerait des investissements lourds, incompatibles avec la réalité économique de nombreuses villes.

Les associations de piétons applaudissent

Du côté des défenseurs des piétons, la réaction est tout autre. Le Verband Fuss e.V., principale association de piétons en Allemagne, salue cette avancée comme un premier pas vers une ville plus accessible.

Depuis des années, les associations pointent les risques liés au stationnement désordonné des trottinettes électriques : obstacles pour les personnes âgées, chutes pour les personnes malvoyantes, sans compter l’encombrement des voies piétonnes. Même si les opérateurs ont imposé à leurs utilisateurs des règles (comme photographier l’engin stationné), les incivilités restent nombreuses.

Vers un nouveau modèle pour la micromobilité ?

Ce virage réglementaire allemand pourrait faire jurisprudence en Europe. Paris, Rome, Oslo, Bruxelles… Partout, les villes cherchent un équilibre entre accessibilité de la mobilité douce et préservation de l’espace public.

Patrick Schnieder l’affirme : « Les trottinettes électriques font désormais partie du paysage urbain. Mais nous devons mettre fin aux conflits d’usage. » Il appelle à la mise en place de plans locaux de stationnement, élaborés par les communes en concertation avec les opérateurs.

Une opportunité de repenser l’espace public

Ce débat dépasse largement la trottinette électrique. Il pose la question de la gouvernance de l’espace urbain partagé. Comment intégrer efficacement de nouveaux modes de déplacement sans nuire aux plus vulnérables ?

Pour les partisans de la régulation, c’est l’occasion de réconcilier mobilité douce et respect de l’environnement urbain. Pour les plateformes, c’est un défi stratégique majeur, qui les oblige à repenser leur modèle, sous peine de perdre l’accès à certaines métropoles.

source : tagesspiegel.de

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